Le tiers état de la France moderne: Les zinzins, les timbrés et les gueux

Quand je regarde la France aujourd'hui, je vois 1788.

Je vois l'inéquité fiscale qui a entraîné la convocation du tiers état, et je vois 3 populations sur un même territoire dont une importante totalement ignorée par l'état et l'administration qui porte directement la plus lourde part des prélèvements obligatoires tout en touchant la plus petite part des reversements.

Même un pauvre est taxé à hauteur de 20% sur toutes ses dépenses alors que les plus riches ont des taux de prélèvements globaux de l'ordre de 10% pour les plus sioux.

Alors je me suis dit, amusons nous à imaginer ce qu'est le tiers état aujourd'hui et comment le définir?

Comment définir 3 populations quasiment disjointes qui vivent leur rapport aux impôts et à leurs reversements différemment et dont une partie ne voit pas ses intérêts représentés à l'assemblée.

Et j'ai vu cet article : http://parlement.blog.lemonde.fr/2012/11/25/surprise-les-deputes-ne-sont-pas-representatifs-de-la-population/

Certes vieux, ils représentent quand même des statistiques qui perdurent depuis 40 ans. Donc on tient le bon bout.

La partie choquante de cet article est la disparition pure et simple d'une partie de la population des statistiques dans les classes de populations qui sont mesurées.

Pas d'handicapés, de clodos, de marginaux, de détenus, de malade de longues durée, d'handicapés mentaux ou physique, de chômeurs (20% de la population active), de jeunes de moins de 20 ans (10% a minima), de caissière prisunic ou autres galériens des CDDs, les méthèques (immigrés en statut temporaire et en voie d'être citoyen de plein droits) rien sur ceux qui refusent le mode de vie sociale.

A la louche ça nous fait un bon tiers de la population. Et ça nous fait ... quand on mesure ce qui est touché de l'état en comparaison de ce qui est versé la population qui est le plus sous pression de la fiscalité.

La question n'est pas comment on en est arrivé là. La question est à quoi ressemble les forces en présence dans les instances de pouvoir et comment se fait il que les gens soient sous représentés.

La défaillance de la représentativité


Qu'est ce qui garantirait la représentativité de toute la population?

Une idée en vogue est que je soutiens parfois est qu'il faudrait que l'assemblée ressemble au peuple. Seulement les moyens financiers, le coté concours de popularité des élections, la vulnérabilité accrue qu'entraîne l'exposition politique et les disponibilités et temps barrent un nombre élevé de citoyens des processus politiques actuels quand tout simplement ils n'ont même pas déjà le temps pour survivre.  Le temps c'est de l'argent quand t'es pauvre.


Donc qui est à l'assemblée : les notables, les salariés avec du temps disponibles, et les fonctionnaires. La France qui a du temps libre disponible.

Les zinzins et les timbrés


L'assemblée nationale est dominée par 2 groupes qui font passer la discipline de vote avant la mission de représentativité des élus. Les républicains et les socialistes (qui n'en ont que le nom).

Pour des raisons amusantes l'assemblée voit la sur-représentation de 2 groupes d'intérêts particuliers qui défendent des intérêts partiellement congruents : les z'investis des z'institutions et les timbrés (fiscaux).

Les timbrés représentent les quelques milliers de personnes les plus riches du pays. Ils sont libéraux économiquement tant que les marchés sont régulés limitant la compétition et qu'ils sont subventionnés. Ils considèrent légitime de pouvoir payer une part inférieure des impôts au titre de leur capacité à créer de la richesse. Leur richesse étant souvent issue du mérite d'être né on peut les considérer comme les Nobles du XVIIIé siècle. Relisez les livres d'Histoire c'est exactement l'argument que donnait les nobles pour ne pas payer d'impôts. Ils soutenaient aussi que sans eux le pays tombait.

Les zinzins sont issus des couches supérieures des institutions et vivent sur la bête. Ils justifient leurs avantages au nom de leur vocation à défendre le peuple. Leur haute valeur morale et leur sens de la mission les faits ressembler en des hordes de curés pédophiles justifiant leurs traitement différenciés de la population par leur mission. Qui n'a pas vu dans les statistiques de l'INSEE les fils de profs du secondaire hérauts de la mixité sociale et du mérite personnel prédominer dans les filières d'excellence.

Filière d'excellence où ils côtoient aussi  les timbrés. Les zinzins se décrivent de gauche, les timbrés de droite et se querelle comme des chiffonniers sur la place publique à savoir qui doit être favorisés d'eux ou des autres.

Les zinzins et les timbrés sont d'accord sur une chose il faut prélever plus et reverser plus d'argent aux bonnes personnes. Les meilleurs d'entre nous. Ils sont d'accord sur le fait que les élus, les députés, les institutions réussiraient mieux si ils étaient plus financés. Par contre, les zinzins préfèrent reverser plus de salaires aux élites technocratique et administrative de la nation, alors que les timbrés préfèrent que l'on favorise le regroupement des activités économique afin de rebâtir la puissance économique nationale pour faire face aux défis mondiaux.  La menace extra nationale, l'excuse la plus vieille de France.

Les zinzins et les timbrés ensemble pensent dans leurs conflits à 2 balles qu'ils représentent toute la population, car d'après eux tout le monde à accès par le vote à la représentation élective. Donc l'assemblée est représentative. Ils pensent qu'ils ont travaillé dur et qu'une partie de la population est juste fainéante ou juste avec la compassion de la charité dysfonctionnelle et inutile. Ils donnent l'aumône aux inutiles par soucis de compassion. Comme une piécette à la sortie de l'église. Les zinzins et les timbrés n'aiment pas les mêmes gueux donc ils mesurent à l'applaudimètre leurs popularité respective en jetant des promesses de subventions à leurs foules préférées.

Les zinzins mécènent aussi des citoyens appelés artistes pour donner la bonne parole. Ça s'appelle la Culture. Nulles fictions représente des gueux.
Ou ils soutiennent des médias objectifs : ça s'appelle les médias. C'est les hérauts des timbrés. Mais pour les gueux? L'expression est contrôlée, pénalisée quand elle sort de clous arbitraires nuisant soit aux zinzins soit aux timbrés. L'arsenal juridique est utilisé, et la mitraille pleut. Les discours hostiles aux timbrés et aux zinzins sont considérés terroristes.

Ils se refusent cependant à tout contrôle citoyens. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient disait élégamment Jacques Chirac plus haut représentant du Peuple.

Seulement, je suis pas d'accord.

Élection : chèque en blanc

Là vu qu'on parle de sous je vais rester sur les sousous dans la popoche.

Les représentants ne sont asservis à aucun mécanisme de contrainte à voter ce que leurs administrés souhaitent. Ils font littéralement ce qu'ils veulent. Et aucune pétition, aucune votation, aucun référendum national ne les engage à suivre les choix explicites du peuple.

Et, ils n'ont aucune responsabilité financière et légale sur les dépenses qu'ils signent aux noms du Peuple et qui engendre de la dette, donc des impôts donc de la diminution de richesse. Ils décident aussi de où l'argent est dépensé. Mais pour la responsabilité légale ou financière?

Rien, nakash, peau de lapin. Et les dépenses engagées sont non annulables.

Donc, le tiers états sont les victimes systématiques de leurs sous représentations à l'assemblée nationale: les gueux, les miséreux, les exploités, les malades, les accidentés du travail, les détenus, les militaires (qui peuvent être engagés et mourir sur un conflit sans contrôle du Peuple), les représentants de la justice, les policiers,  les précaires ...
Bref tout le réservoir de misère et le bouclier humain nécessaire à faire vivre les zinzins et les timbrés. Les zinzins arrosent la misère, les timbrés le bouclier humain.

Et la population se retrouve piégée dans une division catégorielle entre les gardiens (appelés extrême droite par nos politiques) et les prisonniers (appelés extrême gauche). Et de temps en temps il y a des manifs.
Un wall of death social. Où l'on envoie clasher en d'amusante cérémonie sociale les gardiens et les prisonniers.

Et quand les gardiens et les prisonniers fraternisent le discours politique est de dire que les extrêmes se rejoignent et délivrent des points Godwin à tout va.

On vaut mieux que ça


Les gens veulent descendre dans la rue en espérant de convaincre les zinzins et les timbrés de prendre une décision qui va contre le sens de leurs intérêts combinés en ce qui concerne les actualités comme la réforme du travail.

Moi je dis quitte à descendre, autant descendre pour que ça marche.

Et pendant qu'on y est, au vu de la crise de représentation, on pourrait proposer 3 choses pour s'assurer qu'il y ait un résultat durable sur nos existences:
  • le renvoi immédiat de 50% de l'assemblée (au hasard) et le tirage au sort sur leurs députation sur la liste des jurés ceux qui vont représenter le peuple jusqu'à la conclusion de la constituante au parlement, c'est clairement pas idéal, mais c'est déjà un mieux immédiat signe de bonne volonté (moi je rajouterais les gens administrativement interdits d'activités politique);
  • le lancement des cahiers de doléances. Les institutions locales régionale et nationales mettraient à disposition des moyens de se réunir pour écrire des cahiers de doléances permettant d'identifier les problèmes mais aussi de répondre à une question simple : comment rendre l'assemblée représentative à moindre coût durablement? Et comment organiser une assemblée constituante ayant le pouvoir de corriger la constitution de manière conforme aux cahiers de doléance qui garantisse la représentativité de tous, même ceux oubliés pendant les cahiers de doléance? On pourrait se donner des rendez vous bimensuel pour remonter le top 3 des doléances qui pourrait même se donner le luxe de donner un plan de route précis et mesurable aux députés et s'arrêter à 12;
  • Et enfin le lancement de l'assemblée constituante en vue de réformer les institutions de manière à améliorer définitivement leur représentativité. 
Si les gens trouvent que tiers états, assemblée constituante ça sonne mal, je vous dirait que comme en 1789 on peut s'attendre à voir les créditeurs de la France et les banquiers du monde s'inquiéter.

Comme en 1789 l'optique d'un peuple souverain maîtrisant la dette, c'est l'optique pour les entreprises multinationale les plus influentes de perdre des bénéfices extorqués par les états et surtout ce serait un fâcheux précédent.

L'Islande? Oui, les banquiers ont laissé passé. Mais la France? Imaginez l'effet de contagion possible.

Dès que le processus sera enclenché, les capitaux vont fuir le pays, les médias internationaux vont parler de révolution sanglante faites pas les fainéants et apeurer les braves citoyens du monde entier sur l'effet que cela aurait dans leur pays, nos voisins vont contacter nos dirigeants pour les informer de la disponibilité de leurs forces de l'ordre dans le cadre du maintien de l'ordre public. Les niveaux de menace terroriste vont être relevés pendant que les hommes politiques dénonceront l'irresponsabilité du Peuple à déstabiliser un état pendant un moment grave où la concorde nationale est de mise.

La partition est connue.

La seule solution c'est de s'organiser en avance et de coller un coup sec et rapide derrière la nuque.


Un boycott organisé et public des élections pour dénoncer le manque de représentativité peut être fun pour sensibiliser le reste du tiers état.

La rédaction des cahiers de doléances peut commencer par des billets sur facebooks, des chats, des postes sur des technologie oubliées (NNTP) ou nouvelle, des posts de blogs, des chansons, des discussions du café du commerce, des discussions à la paroisse ou pendant les sorties au pub et les repas de famille.

Avant de les écrire on peut tout à fait commencer. Puis si les moyens institutionnels d'expression sont contrôlés, il y a des tas de moyens de communiquer bien plus efficaces et discrets. Rhonéo, photocopieuse, graffitis, série-graphie, T-shirts, bandeau sur les sites webs, bouche à oreille, discussion au coin de la machine à café, pour ceux qui ont twitter des hashtags genre #CahierDeDoléance ... Fuck, on est pas des cons non plus on a largement d'interstices dans les espaces contrôlés pour s'y engouffrer.

Bref, râler étant dans la culture française, je vois que nous avons là un avantage indéniable. En plus on est démérdards.

Vous pensez pas qu'on pourrait y arriver dans le fun, et aussi probablement sans violence, cette fois?

 Je veux dire, des fois vous en avez pas marre?


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